Lasse d'arpenter les couloirs sombres de mon château, lasse du sang si fade de mes employés, lasse de dévisager leur peur vulgaire et banale, je décidais d'aller me promener, à la recherche d'un peu de divertissement et d'une proie plus... appétissante. Un humain pour être plus précise, l'odeur de leur sang m'avait toujours parue tellement enivrante, si séduisante... !
Des humains, oui, j'en avais tué ; beaucoup même - et pourtant, jamais assez. C'est assez étrange, d'ailleurs, ce sentiment que j'ai vis-à-vis d'eux : à vrai dire je les méprise, je les trouve sans intérêt, je les découvre ennuyeux, je les sais faibles. et pourtant, il existe ce charme, ce charme indescriptible de cette substance qui s'écoule le long de leur artères ; ce doit bien être la seule chose dont ils puissent être fière.
Bien sur, aussi, il existe des humains, comment dire, assez rebelle voir même résistant - j'en ai, par ailleurs moi-même rencontré quelques uns, inestimables joyaux d'une race condamnée -, et cette résistance, c'est un peu, pour moi, comme une petite lueur dans ma sombre vie de vampire.
Évidemment, c'est un affront de voir qu'ils ou qu'elles puissent résister à mon charme - mais tout de même ! J'adore voir ma proie me défier, et, je trouve que leur hémoglobine agrémentée d'adrénaline à bien meilleur goût.
Mais les Hunters - ah, ces Hunters ! - ils ont tout compliqué, avec leurs manies de se mêler de ce qui ne les regarde pas, avec leur grand air supérieur.
Ils sont si pathétiques !
Je ne peux qu'appuyer les humains sur leur façon de détester les Hunters.
Depuis l'arrivée de ces chasseurs, je ne peux plus chasser comme je l'entends, je dois me satisfaire de ces Blood tablettes, pale copies de sang, tellement fades...
Mais il m'arrive encore de chasser, je le fais juste plus discrètement, non pas que les Hunters m'effrayent, loin de là, non... Je suis surement, plus forte et plus puissante que la plupart d'entre eux,
Simplement je n'aime pas être détestée.
Après tout, ne m'a-t-on pas crée si belle pour que je sois aimée ?
C'était une nuit fraiche et sombre comme tant d'autre, la lune était pleine, d'une blancheur immaculée , et seuls quelques reflets rougeâtres venaient la ternir. Comme un signe d'une nuit qui s'annoncerait riche en hémoglobine.
Une petite brise venait balayer mes doux cheveux blonds, et virevoleter ma petite robe noir. Cela faisait presque trois mois que je ne m'étais pas nourrie de sang humain.
Alors pour l'occasion je m'étais mise toute à mon avantage...
J'avais du marcher longtemps car je me retrouvais près de l'ancienne église, C'était surement instinctif, avant je venais souvent ici pour chasser ; je croisais toujours quelques croyants qui sortaient de la messe de minuit, malheur à ceux qui avait croisé mon chemin. J'aimais à souiller la pureté de leur foi par la couleur de le sang.
Bien évidemment je ne choisissais pas n'importe qui, pour me satisfaire, je choisissais toujours de belles personnes.
Cependant, la plupart du temps, je les sélectionnais à l'odeur.
J'aimais beaucoup cette église, l'architecture de celle-ci me rappelais cette partie de ma vie ou j'avais vécu en Italie. Je devais avoir une vingtaine d'années vampire, j'étais encore jeune et naïve, Ma famille partait souvent là bas pour des affaires de politique ennuyeuse mais ils n'emmenaient toujours avec eux - pour que je rencontre des personnes de la haute société. C'était bien pour moi, paraissait-il.
Mais ce qui m'attirait le plus en Italie, été ces fêtes, ces soirées costumées, ces robes affriolantes. Ces personnes raffinées, Ces danses envoutantes, ces fontaines de sang...
Je fus tirée de mes pensées par une forte odeur de sang, si proche, si enivrante...
Je me concentrai et entendis ce petit bruit qui m'excitait tant, songeant :
*le jeux va enfin commencer !* en me léchant la lèvre supérieure.
Ce ridicule, minuscule, négligeable et délectable battement de cœur.
Il venait de l'ancienne église. Je pénétrai silencieusement la demeure de dieu, éclairée par des bougies, et la faible lueur de la lune qui perçait à travers les vitraux. Je ne voyais personne, mais mon odorat de vampire me confirmait qu'il y avait bien un humain, un homme - et il se trouvait dans le confessionnal.
J'allais le rejoindre, m'asseyais du coté des pénitents, en prenant soin de remonter ma robe, afin que cet humain puisse entrevoir mes longues jambes à travers la petite grille, j'aimais toujours jouer avec la nourriture.
Je distinguais l'humain à travers la grille - une cinquantaine d'année, mais encore un peu de charme, pour son âge. Rien d'extraordinaire, comme toute, pourtant son odeur était si attirante...
Je pouvais entendre les battements de sa carotide,
j'avais de plus en plus de mal à me contrôler,
je sentais déjà mes yeux prendre une couleur pourpre,
ma langue caresser mes crocs d'envie...
La situation était idéal, il n'y avait personne d'autre dans l'église, c'était le moment Propice... Je prenais une grande inspiration, battait des cils, et adressai la parole au prête qui se tenait en face de moi.
"- bonjours mon père.
- Bonjours mon enfant. Quel est le motif de ta venue ? me répondit-il avec emphase, à mesure que mon exaltation augmentait. Je poursuivis :
- Mon père, pardonnez-moi car j'ai péché.
Je me demandais un instant s'il allait punir mes actes - ça aurait été si drôle, et si vexant - à l'égorger pour le punir. Mais, finalement, il se contenta d'un :
"- Dieu accordera son pardon à tous ses enfants et ouvrira les portes du paradis à ceux qui se seront confessés.
- Mais mon père mes péchés sont bien trop horribles
- Mon enfant, Dieu sait que le diable influence vos actes."
Je lâchais un rire sardonique, et murmurait doucement, comme sur le rythme d'une chanson que moi seule pouvait entendre :
"-Mais mon père, je suis bien pire que le diable..."
Je sortis de l'ancienne église, lèchant les dernières gouttes de sang sur mes lèvres. Sa peau était si tendre que mes crocs si étaient enfoncés avec une facilité déconcertante. Je n'avais pus contenir ma pulsion, - il dégageait une odeur tellement alléchante.
Satisfaite m'en retournai dans mon château, j'avais encore de la route à faire, mais cela ne me gênait pas, la seul compagnie de la lune, me suffisait amplement.
Mais, après tout, dans un monde où des créatures telles que moi ont droit à la vie et au sang, comment espérer passer une nuit solitaire et tranquille...
Par les temps qui courent, ils n'est pas prudent d'empreinter de telles voies.